Chers Amis,
Ce dernier samedi, le 25 juin, j’ai participé à la réunion constitutive de l’ “Associação José Afonso, núcleo de Bruxelas” en abrégé “AJA Bruxelas” dont les statuts sont remis ces jours-ci au Moniteur Belge. Dans ce document, l’objet social mentionné est le suivant :
“Organiser des activités culturelles, artistiques, de formation et de loisir pour les lusophones vivant en Belgique ainsi que tous ceux qui veuillent s’y associer, de façon à : – promouvoir la divulgation de la culture portugaise, notamment dans ses racines traditionnelles, – contribuer à la divulgation de l’œuvre musicale et poétique et de l’exemple de citoyenneté de José Afonso, – encourager l’implication citoyenne des portugais résidants en Belgique dans le pays d’accueil et dans celui d’origine, – être à l’écoute de la communauté portugaise de Belgique en ce qui concerne ses besoins et aspirations dans les domaines culturels et de citoyenneté, – aider les deuxième et troisième générations de portugais à garder leurs liens avec la culture et la langue portugaises – organiser des ateliers de capacitation interculturelle dans une perspective inclusive, – mener à bien toute activité pertinente pour la réalisation du but social de l’Association.”
José Afonso : qui c’est ?
Vous êtes peut-être nombreux parmi nous à ne pas connaître José Afonso.
José est né en aôut 1929. Il est décédé le 23 février 1987, à la suite d’une longue maladie.
Le 25 avril 1974 a eu lieu la chute du fascisme au Portugal. Les militaires sont sortis des casernes lorsqu’une radio nationale a diffusé la chanson “Grandola vila morena”.
Peu après la Révolution des Œillets, j’ai rencontré Zeca (José Afonso) pour la première fois lors d’un concert qu’il a donné près de Paris. Nous nous sommes parlés et j’ai proposé d’organiser d’autres concerts en France à José et à Francisco Fanhais qui l’accompagnait. Ces concerts ont été réalisés en Île-de-France et en Normandie entre l’automne 1974 et le printemps 1976, donc, à peu près, pendant un an et demi.
Il ne s’agissait pas de percevoir un quelconque cachet, encore moins pour moi. Il suffisait que les voyages leur soient payés et qu’il leur reste un peu d’argent par concert (mais c’était une somme insignifiante, quelques centaines de francs français pour chacun d’entre eux). Je trouvais de la place chez des amis où ils restaient dormir ou chez moi quand cela n’était pas possible. Je me déplaçais avec eux vers les endroits où ils se produisaient. C’était pour José et Francisco un acte de militantisme.
Après cette période, d’autres obligations professionnelles et l’évolution de la situation politique au Portugal ont fait que j’ai cessé d’organiser ces concerts de chansons d’intervention. Mais jamais je ne me suis éloigné d’eux dans l’esprit. J’ai eu l’opportunité de rendre visite à Zeca et Zélia, sa femme, à Brejos de Azeitão où ils habitaient, quelques années après son dernier concert au Coliseu de Lisbonne, en 1983, et peu avant sa mort, en 1987. Il était déjà fort malade. Et quand dans un passé encore récent (jusqu’à 2011) je longeais la route près du village par Vila Nogueira de Azeitão je pensais à lui avec chagrin et tendresse, mais aussi avec admiration !
Dans une interview donnée en 2011 à « LusoJornal », publié en France, Francisco, Président de l’AJA, a dit :
« Si nous pouvions résumer ce que José Afonso a été, pour moi, il a été un citoyen conscient des problèmes de son époque et qui mettait son art, sa musique, sa poésie, sa voix, sa fraternité et sa générosité immenses au service que tous ceux qui avaient leurs voix bâillonnées ».
Un livre est paru en 2011 à Lisbonne contenant les partitions et les paroles des 159 chansons enregistrées entre 1953 et 1985, excluant uniquement les fados de Coimbra qu’il a interprétés.
José Mário Branco, l’un des auteurs du livre, a affirmé dans une interview à un journal national : « Il y a toute une génération de musiciens et d’étudiants en musique qui peuvent découvrir et apprendre le répertoire de Zeca Afonso sans la charge politique des temps tout de suite après le 25 avril. »
Grâce à son talent exceptionnel, il a rajeuni la chanson populaire portugaise à partir de la tradition musicale de Coimbra dans laquelle il s’est initié, intégrant de nouvelles influences et marquant de façon décisive les générations suivantes.
Maître incontesté de la chanson populaire portugaise, simultanément auteur génial et interprète de chansons, citoyen exemplaire et infatigable combattant pour la liberté et la justice sous la dictature de Salazar, mais aussi après le 25 avril, son œuvre discographique constitue une source de connaissances inépuisable d’inspiration et d’apprentissage.
Je me rappelle que Zeca me parlait du « national-chansonnetisme », dénonçant avec son sympathique sourire moqueur les options « culturelles » de l’ancien régime.
José Carujo
témoignages et hommages :
Un concert en hommage à José Afonso a eu lieu le 21 novembre 2012 au Théâtre de la Ville à Paris
Une chanson de José Afonso « Redondo Vocábulo »
interprétée par Cristina Branco
et par Janita Salomé